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La forme et la couleur
La croix rouge: un vecteur du recours traditionnel et populaire plaçant le signe hospitalier sur le chemin des pèlerins que nous sommes dans notre vie... Mais il s'agit aussi d'un état d'esprit général signifiant le recours ultime offert au nécessiteux.
La croix rouge c'est le principe de l'humanité et de la miséricorde.
A l'époque de la société industrielle, les enseignes publiques nocturnes au néon des seventies se relaient bien fort dans le mémo par des couleurs taillant dans la nuit urbaine. Une forme en croix comme fanal des pharmacies de garde polarisait le regard depuis la rue vers la couleur rouge lumineuse. Désormais impossible de croire tout autre enseignement.
Le majeur nombre des croix de pharmacie affichait le rouge... et pour les autres restants, la tolérance laissait aller l'imagination du pharmacien en titre... Tant que le cachet du secours humanitaire valorisait ce qu'il ornait, les interdits légaux ne sortaient pas de la théorie.
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En 1863, Henry Dunant, citoyen suisse, créée le Comité international de la Croix-Rouge. L'emblême de la nouvellle organisation s'inspire du drapeau suisse simplement inversé dans la place des couleurs. La croix blanche deviendra rouge et le fond rouge deviendra blanc. Au 19me siècle, ce nouveau symbole du secours n'oppose pas d'incompatibilité avec le domaine des apothicaires et même avec les pharmaciens du siècle ultérieur. Ils apposent la croix rouge sur la devanture de leur officine. Il faut dire que ce symbole optimise un peu tout ce qui se rapporte à la santé. Les produits et remèdes du commerce portant le cachet traditionnel du bien-être favorisent l'attrait du public. Lors des sixties, les futurs docteurs en pharmacie et en médecine se côtoyaient à la faculté universitaire. Alors on les a progressivement spécialisés en des hémicycles différents (exemple: loi Faure en France). Jusqu'alors la couleur rouge pour l'indicatif cruciforme correspondait indifféremment aux médecins et pharmaciens. Par contre la coupe d'Hygie (pharmaciens) ou le bâton d'Asclépios (médecins) ajoutés comme symboles sur le fond rouge départageaient distinctement les deux domaines d'activité professionnelle. Ci-contre à droite, sur la deuxième image: la coupe d'Hygie associée à la croix, souvent rouge pour l'enseigne des pharmaciens jusqu'en 1984. A l'issue de l'an 1984 tout changea. L'usage de la croix verte a été officiellement reconnu et adopté comme emblème des pharmacies. Sur un délai assez concis et à l'unanimité, les enseignes rouges furent escamotées par des croix vertes en conformité de la nouvelle règlementation. Des recherches d'illustrations avec des enseignes à croix rouge en France, Belgique et Pays-Bas, ne donnent aucun résultat sur le Web. D'après la matière d'information et les historiques en ligne relatifs à la pharmacologie, on devrait pouvoir rassembler au moins quelques photos des années 50, 60 et 70 figurant d'anciennes pharmacies... Il faut dire aussi que les vues récupérables des pharmacies d'antan sont en N/B. Il est difficile de trouver la couleur des croix par la densité des teints gris sur une photographie en N/B. De toutes façons on en déduit que la croix rouge pharmaceutique est mise en retrait du témoignage. Puis à l'issue de cette méditation on trouve une clé !Cette croix date d'un temps où la tolérance plaçait les repères de la bienséance de façon simple. Le fléau de l'alcool et celui de la drogue ne finissaient pas de se projeter dans l'actualité depuis le passé. Un toxicomane arrivé au pied du mur, parvenait à obtenir des substances nécessitant autrement une prescription médicale. Oui, maintenant cela nous revient: il y eut nombre de faits divers à ce propos... Sont-ils effacés? Devant l'urgence de la situation liée à la toxicomanie et pour calmer le jeu, il y eut des pharmaciens délivrant de leur propre chef ce qu'il fallait. Cela se passait comme en certaines officines jalonnant les sentiers du Monde... Scénario faussement romanesque de thriller passéïste diront certains... Mais on comprend maintenant la censure. Oui, à s'en souvenir il y eut cette polémique. En 1984 les regards se tournèrent vers le futur et non plus vers le passé (la 2me G.M.). De la même manière dont on ajuste les idées avec le changement d'heure, on a substitué une authenticité inscrite dans les particularismes de moeurs par une croix verte. Au nom du progrès. Dès ce moment, l'Ordre des Pharmaciens suivit le mouvement. La nouvelle croix verte censure l'ancienne. La croix rouge pharmaceutique des indicibles aléas est abolie.
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